Un mystère toujours entier
Le naufrage du chalutier Bugaled Breizh, qui a coûté la vie à cinq marins bretons dans la Manche en 2004, reste inexpliqué 20 ans après le drame. Le 15 janvier 2004, l’appel de détresse du Bugaled Breizh retentit sur les ondes VHF, alors qu’il se trouve au sud du Cap Lizard, dans les eaux internationales entre la France et la Grande-Bretagne. Les marins de l’Eridan, qui pêchent à quelques milles de leurs amis du Guilvinec, se rendent immédiatement à son secours. À leur arrivée, seuls quelques débris et du gasoil flottent à la surface. Deux corps sont repêchés par les secouristes britanniques: ceux du capitaine Yves Gloaguen et du matelot Pascal Le Floch. Un troisième corps, celui de Patrick Gloaguen, sera découvert dans l’épave. Georges Lemétayer et Eric Guillamet n’ont, eux, jamais été retrouvés.
Les enquêteurs privilégient dans un premier temps l’hypothèse d’une collision avec un navire de surface, dans cette zone de la Manche où transitent, chaque année, des dizaines de milliers de cargos, porte-conteneurs et autres vraquiers. L’un d’eux, le porte-conteneurs philippin « Seattle Trader », est poursuivi jusqu’en Chine, avant d’être finalement innocenté. Ce n’est qu’en juillet 2004, au moment du renflouement de l’épave, que cette thèse sera définitivement abandonnée, l’analyse de la coque permettant d’écarter l’éventualité d’un éperonnage. Deux pistes resteront dès lors en course: un accident de pêche ou l’accrochage avec un sous-marin.
La première est soutenue par le Bureau d’enquêtes sur les événements de la Mer (BEA Mer) qui, dans un rapport de novembre 2006, explique l’accident par l’enfouissement du chalut dans une couche de sédiments et de vase, de nature à créer une effet ventouse. Cette thèse, qui « remettait en cause les compétences de l’équipage », a été rejetée d’emblée par les familles des victimes. La piste sous-marine convainc, elle, davantage les marins et leurs proches. Car, très tôt, les experts judiciaires ont expliqué le naufrage par l’intervention d’une « force exogène », puis par « l’accrochage d’un sous-marin » avec le câble bâbord du chalut.